L’Etat avance sur la voie de la décarbonation  

La Direction de l’immobilier de l’Etat (DIE) adresse le défi sur le périmètre de l’Etat via une feuille de route lancée dès 2018 qui prévoit notamment :  

  • Une enveloppe de 8,4 mds d’euros dans le cadre du Plan de Relance distribués aux administrations à l’aide de différents appels à projets pour un gain de 0,6 TWh d’économie par an ;
  • L’expérimentation depuis mai 2021 de l’Agence de Gestion de l’Immobilier de L’Etat (AGILE) pour professionnaliser la gestion des cités administratives et développer le photovoltaïque ;
  • Une enveloppe de 50 millions d’euros pour réaliser des travaux en urgence de réduction des consommations d’énergie fossile dès l’hiver 2022-2023 ;
  • Le passage à 19 degrés soit 0,4 TWh de gain par an.

La gestion du bâti comme principal levier d’action

La DIE estime ainsi que 60% des économies d’énergie – et ainsi de la décarbonation – concernent l’enveloppe du bâti, ce qui induit un mouvement de massification des travaux de rénovation énergétique. 

Une approche pilotée par la donnée pourrait avoir tout son sens pour soutenir ce « chantier du siècle », comme l’a donné récemment le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, notamment pour :  

  • Disposer d’une vision fine du patrimoine de bâtiments publics et de sa performance énergétique en temps réel ; le démonstrateur développé par le ministère de l’environnement, sur la base des données OSFI et CHORUS notamment, constitue une piste intéressante pour répondre à ce besoin sur le périmètre étatique ; 
  • Disposer de caractéristiques quantitatives et qualitatives sur le bâti public, le territoire et la filière de rénovation énergétique ;  
  • Identifier les bâtiments à rénover, les types de travaux à réaliser ;  
  • Estimer et suivre l’impact financier et environnemental des rénovations prévues et effectuées au niveau de la région ou du service régional mais également de la commune ; 
  • Déterminer les sources de financement disponibles et simplifier les demandes, notamment dans le cadre du plan de relance ; 
  • Objectiver les conditions de financement des territoires sur la base d’une connaissance fine des besoins et du potentiel en termes de rénovation énergétique ;  
  • Accéder à une bibliothèque d’outils (cahiers des charges, vecteurs contractuels) personnalisée et à un réseau d’experts pertinent au regard des rénovations à entreprendre ; 
  • Appuyer les services régionaux ou les autres ministères dans l’identification, et la qualification de candidats potentiels sur des dispositifs de financement complexes & appuyer le dialogue de gestion dans le cadre de la programmation budgétaire. 

L’adaptation des usages, un levier complémentaire et plus que nécessaire 

Les 40% d’efforts supplémentaires à mener s’attachent d’une part à l’adaptation des usages et d’autre part à l’optimisation de l’exploitation et de la maintenance du bâti, toujours selon les estimations de la DIE. 

Concernant les usages, cela suppose de mettre en place une stratégie de conduite du changement adaptée pour encourager l’évolution des comportements en insistant sur l’importance d’adresser les enjeux du réchauffement climatique et sur l’impact potentiel de chacun pour réduire la consommation d’énergie. 

Concernant l’exploitation, des systèmes de management intelligent pourraient être déployés pertinemment pour le secteur public, comme ils le sont pour toutes les industries. D’autant plus pour optimiser la consommation énergétique dans les bâtiments accueillant du public ou encore pour les installations fonctionnant 24h/24 et 7j/7. Un système national permettant à l’Etat de contrôler l’optimisation à plusieurs niveaux (par bâtiment, administration, territoire et niveau national) pourrait changer la donne. 

La nécessité de repenser le rôle de l’Etat pour effectuer cette transition 

Pour aller plus loin, faire un pas de côté et penser le rôle de l’Etat plus largement pour soutenir à la fois la sobriété énergétique et la décarbonation de l’énergie au niveau national, a tout son sens dans une réflexion sur la décarbonation des bâtiments tertiaires et a fortiori public.  

L’Etat a un rôle clé à jouer en tant qu’acheteur de biens et de service, les organismes publics représentant 10 à 20 % du marché total des produits et services liés à l’énergie à l’échelle mondiale.

En exigeant des produits économes en énergie pour leur propre usage, les administrations inciteront d’autant les fabricants et les fournisseurs à réagir en proposant des produits plus efficaces à des prix compétitifs. Pour tirer parti de ce cercle vertueux, les spécifications publiques doivent utiliser des critères d’économie d’énergie clairs, cohérents et pilotables. 

En tant que décideur national de la politique d’efficacité énergétique, l’Etat a également une responsabilité pour faciliter le déploiement des énergies renouvelables – conduisant à un mix énergétique davantage décarboné qui bénéficiera à l’ensemble des bâtiments et industries de France.