Il leur faut pouvoir endurer de très fortes contraintes physiques au quotidien, mais aussi dans l’éventualité d’incidents aux scénarios complexes et d’une modélisation délicate comme des chutes de charges. Pour garantir cette robustesse, le cycle de développement d’une pièce à remplacer ou d’un équipement à ajouter doit être mené de bout en bout avec la plus extrême rigueur : conception dans le respect des exigences des codes et normes ; études, calculs et validation de la conformité de la solution envisagée ; pilotage technique, surveillance et suivi de la fabrication par les fournisseurs…

De minces marges de manœuvre

Cependant, rigueur ne signifie pas rigidité. Certes, dans une industrie qui préfère toujours ce qui a fait ses preuves à ce qui est nouveau, les marges de manœuvre sont étroites, mais elles existent. Seulement, pour pouvoir les exploiter, pour trouver des solutions techniques ou méthodologiques qui, sans dégrader la sûreté, permettraient, par exemple, d’obtenir un résultat plus précis ou de mieux prendre en compte les contraintes de fabrication, il faut à la fois une très grande expertise et une parfaite collaboration entre tous les acteurs de la chaîne.

Il faut savoir intégrer les contraintes des uns et des autres pour atteindre un optimum satisfaisant pour tous ;  ne pas être excessivement conservateur dans ses hypothèses mais d’un réalisme prudent ; écouter, épauler et surveiller les fournisseurs… Il faut aussi être toujours prêt à reprendre ses calculs en cas de mise à jour des spécifications, que ce soit pour renforcer la prise en compte de certains risques (sismiques, par exemple), pour estimer les impacts de nouveaux scénarios de risques, pour évaluer les effets du vieillissement (usure, fatigue, corrosion…), ou encore pour tenir compte des enseignements des REX issus de la filière. Et pouvoir dire, en définitive, si l’équipement est toujours en mesure de fonctionner convenablement, ou s’il faut relancer une phase de remise en conformité (proposition de renforcements, remplacement, etc…) sur la base de ces nouveaux résultats.

La qualité à tous les niveaux

Tout ce travail doit lui-même respecter des exigences très élevées de qualité à tous les niveaux, avec une qualification préalable des méthodes et des outils (les logiciels, par exemple), de nombreuses itérations de contrôle et de validation, et une production documentaire extrêmement structurée et détaillée, aboutissant à des recommandations claires.

Ce mix rare d’expertise, de méthode et de collaboration s’appuie enfin sur une culture très forte, marquée par les spécificités du secteur. Dans le nucléaire, chacun a conscience que la moindre erreur, aussi infime soit-elle, peut avoir de très lourdes conséquences. Cela incite à développer un esprit critique aigu, des réflexes d’auto-contrôle permanents, mais aussi un grand sens des responsabilités, qui se traduit par la capacité à être force de conseil et de proposition, et à s’engager résolument dans les conclusions de ses travaux.